Dix ans après les attentats du 13 novembre, une nouvelle série française aborde ces événements tragiques sous un angle inédit : celui des otages du Bataclan. La production en huit épisodes, réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, se distingue par sa décision de représenter physiquement les deux assaillants qui ont retenu en otage un groupe de survivants pendant près de trois heures.
Le réalisateur explique avoir longuement réfléchi à la manière de montrer ces hommes responsables de la mort de nombreuses personnes. « Il était impossible de raconter cette histoire sans leur donner un visage », confie-t-il, tout en précisant qu’il fallait éviter toute forme d’empathie envers eux. Les terroristes apparaissent donc à visage découvert, sans floutage ni cagoule, reproduisant les moqueries et comportements décrits par les survivants.
La série s’appuie sur les témoignages des otages qui se sont surnommés les « potages », contraction de « potes » et « otages ». Ces derniers ont maintenu des liens après les événements, formant un réseau de soutien essentiel à leur reconstruction. Leur récit a servi de base au scénario, y compris des détails troublants comme cet échange téléphonique entre un terroriste et la mère d’une otage.
Le tournage s’est déroulé dans des lieux réels, dont le Bataclan, créant une atmosphère particulière. Le réalisateur a délibérément isolé les acteurs jouant les terroristes du reste de la distribution, interdisant toute interaction même en dehors du plateau. Cette mise à distance visait à créer une tension palpable à l’écran.
Trouver des comédiens acceptant d’incarner ces rôles difficiles s’est avéré complexe, plusieurs acteurs ayant refusé par crainte de s’associer à de tels personnages. Les deux interprètes finaux ont travaillé en profondeur pour comprendre le parcours des terroristes au-delà de la seule soirée des attentats.
Cette approche audacieuse cherche à montrer la complexité de cet événement traumatique tout en respectant la mémoire des victimes et le vécu des survivants. La série s’éloigne des récits conventionnels sur la résilience pour offrir une vision plus nuancée de cette nuit qui a marqué la France.
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